En 2010, j'ai appris que la vie n'était pas toujours rose.

J'ai aussi appris que tout n'arrivait pas qu'aux autres.

Cet article raconte comment j'ai vaincu mon cancer.

 

 

Mai 2010 - Ca fait déjà 6 mois que je souffre d'horrible douleurs dans le bas du dos, de sueurs noctures, je suis sans cesse fatiguée, ma peau est extrémement séche, je n'ai aucun appétit et je me gratte partout.

Je décide d'aller consulter un médecin car je sens que mon état de santé empire de jour en jour. 

Oscultation, prise de tension, prise de température ... Tout à l'air d'aller bien. Le médecin me demande de faire une prise de sang quand même au cas où.

Comme j'adore les piqûres (oui je sais, je suis bizarre) je ne me fais pas prier pour aller faire cette prise de sang.

Le lendemain, coup de téléphone de ma mère. Mon médecin ne trouvant pas mon numéro, a appelé ma mère pour quelle puisse me faire passer le message. Il faut que j'aille de toute urgence à son cabinet.

Je cours au cabinet du médecin où il m'annonce que je dois me faire hospitaliser d'urgence car ma prise de sang n'est pas bonne du tout. En effet, toutes les valeurs étaient au rouge

En grande têtue que je suis, je décide quand même de partir en Auvergne comme c'était prévu en me disant que mon hospitalisation pouvait attendre 2 jours de plus étant donné que je souffre depuis 6 mois !

 

De retour en Picardie, je me rends donc à l'hôpital avec l'ordonance du médecin. On m'examine longuement et on m'annonce que je vais me faire opérer en urgence dès le lendemain parce que j'ai une boule au niveau du cou. A l'oeil nu on ne la voyait pas, on la sentait uniquement quand on la touchait. L'opération c'est bien passée, on m'a donc fait une biopsie de cette fameuse boule appelée ganglion.

 

Les 2 semaines qui ont suivies, je suis passée par tous les examens possibles et innimaginables : scanner, IRM, TEP scan, échographie, coloscopie, fribroscopie ... Sans trop m'expliquer pourquoi on me fait tout ça. Le temps semble long à l'hôpital, il fait de plus en plus chaud et je m'ennuie un peu plus chaque jour.

 

Le 15 juin, le verdict tombe : C'est un cancer.

 

Le médecin me l'a annoncé d'une manière horrible. Il est entré dans ma chambre, sans un bonjour, et a prononcé cette phrase : "Bon, on sait ce que vous avez, vous avez un cancer". Cette phrase il l'a dite tout en refermant la porte et inconsciament, le fait de refermer la porte je l'ai pris comme s'il n'y avait pas d'issue, comme si c'était fini pour moi. A cet instant, je ne sais pas encore de quel cancer il s'agit, j'ai l'impression que ce n'est pas réel, que je vais me réveiller et reprendre ma vie là où je l'ai laissé. Le médecin continue : "Ce que vous avez s'appelle la maladie de Hodgkin, c'est un lymphome, ça se soigne plutôt bien mais comme vous en êtes à un stade très avancé de la maladie on ne sait pas trop si on arrivera à vous guérir."

 

Le choc ! Pour moi, il n'y avait que les personnes âgées qui avaient des cancers, et pas des gens de 21 ans comme moi ! Mes parents et ma meilleure amie entrent dans ma chambre et le médecin leur explique ce que j'ai exactement.

Le médecin m'annonce que je vais avoir 16 séances de chimio (une toutes les 2 semaines).

 

Je passe 3 jours à pleurer. Je pleurs parce que je n'ai que 21 ans, je suis au début de ma vie. Je pleurs parce que j'ai encore pleins de choses à faire, à voir et à découvrir. Je pleurs parce que je ne veux pas mourir.

 

Et puis le 4ème jour je me lève et me dit qu'il ne faut pas baisser les bras. Que ce foutu cancer, je peux le vaincre. Je recommence à sourir et à rigoler. Je me dis que ce n'est pas en m'apitoyant sur mon sort que je vais arriver à guérrir ! Il faut que je me batte, que je sois forte, que je garde ma bonne humeur habituelle et que je ne fasse rien paraître aux yeux des autres. Je ne veux pas que les gens soient tristes pour moi et pour ça il n'y a qu'une seule solution : faire comme si je n'étais pas malade et vivre ma vie normalement.

Je demande aux infirmières si je peux rentrer un week-end chez moi avant de commencer la chimio et après avis du médecin, elles acceptent. J'en profite pour sortir et voir des amis. Je m'aperçois que tout le monde est très affecté par ce qui m'arrive. En racontant ce qui m'arrive, des gens se mettent à pleurer ! Je découvre alors que beaucoup de gens sont attachés à moi et ça me touche énormément. 

 

J'ai commencé la chimio par ABVD début juillet. J'y allais un lundi sur deux vers 9h. On m'installait dans une petite pièce où l'on était 5, j'étais toujours la plus jeune car les 4 autres personnes étaient des petites mamies, pas toujours très sympa car l'une d'elle me demande un jour ce que j'ai et quel âge j'ai. Après lui avoir répondu que j'avais la maladie de Hodgkin et 21 ans elle m'a répondu : "Et bien dis donc, vous n'allez pas vivre vieille vous !" Sympa hein ?!

 

On me perfusait sur mon cathéter et c'était parti pour minimum 4 heures de produit ultra toxique qui coule dans mes veines dont un qui me faisait faire pipi orange et ça me faisait marer ! Quand on voit que les infirmières prenaient les sachets de produits avec des gants super épais et que ces mêmes produits attérissent en toi, ça fait réfléchir ! En fait, j'en suis venue à la conclusion que, quand tu fais de la chimio, on essaie de te tuer pour te guérir !

Il y avait un truc plutôt drôle c'est que, comme les produits de chimio devaient rester à une température basse, ils étaient transportés dans des glacières. Comme ils sont préparés sur commande, je surveillais le passage de la glacière dans le couloir !

 

Je supportais plutôt bien le traitement. J'étais fatiguée sur le coup mais dès le lendemain de la séance de chimio, j'avais la pêche !

J'ai perdu mes cheveux, mes cils, mes sourcils, mes poils (bon ça j'avoue c'était plutôt le bon côté !) dès les premières séances.

J'ai toujours gardé le moral et fais comme si je n'étais pas malade. Je continuais de sortir, de voir mes amis, de travailler ...

 

Un dimanche de septembre, alors que je venais de prendre une douche, j'ai apperçu que la cicatrice de mon cathéter était ouverte. Je voyais le cathéter et ça, c'est pas normal.

J'ai fonçé jusqu'aux urgences où les medecins, pas trop inquiets, me disent de revenir mardi pour me le faire retirer et jeudi pour m'en remettre un autre de l'autre côté, et me laisse repartir sans même me mettre une compresse dessus. Je repars donc chez moi avec la cicatrice ouverte et à l'air libre. Ils m'ont donc remplacé ce fameux cathéter et j'ai continué la chimio.

 

Au fur et à mesure, je me sentais de plus en plus essouflée. Rien que le fait de me lever et de m'assoir m'éssouflait. J'en ai fait part à mon oncologue mais il me soutenait que c'était normal. Jusqu'au jour où je ne me sentais vraiment pas bien et que j'ai appelé l'hôpital pour leur demander de décaler ma séance de chimio. Ils m'ont fait venir quand même malgrè mes douleurs et mon essouflement mais je n'ai pas eu ma séance de chimio. Ils m'ont pris rendez-vous pour une échographie du coeur.

 

Début décembre, je me rends chez le cardiologue de l'hôpital. Il me fait mon échographie et soudain, il fait les gros yeux et dit : "ouh la !" En général, c'est pas bon signe quand un médecin dit ça ! Je me redresse pour voir l'écran, il me plaque avec sa main contre le fauteuil. Il m'explique que j'ai un énorme trombus intra-cardiaque (caillot de sang dans le coeur) surement à cause de mon probème de cathéter et qu'il faut m'hospitaliser.

Ah non pas encore ! Je tente à nouveau de me relever et il m'en empêche en me disant que si je me redresse je risque de faire une embolie et donc de mourir.

 

Me voilà donc en route pour un hôpital qui se situe à 80 km de chez moi car celui qui me suivait n'a pas de chirurgien cardiaque au cas où il fallait m'opérer.

Arrivée sur place, on me met sous anti-coagulant pour que mon sang soit plus liquide et pour faire évacuer le trombus. En théorie c'est bien, mais en pratique le trombus diminue d'un milimètre par jour ... et il fait 2 cm !

On m'a rappatrié dans l'hôpital qui me suivait pour me faire ma chimio et ramenait dans celui-ci après. J'adore les balades en ambuances inutiles ...

 

Je suis sorti de l'hôpital 2 jours avant Noël, toujours avec mon trombus et mon traitement anti-coagulant !

Malgrè tout, je continuais de vivre normalement et d'aller à Disneyland Paris (Parc dont je suis une très grande fan, voir l'article correspondant).

 

2 jours avant d'aller à Disneyland Paris, je passe une échographie de contrôle, le trombus est toujours là et il fait 1,5 cm. Je décide d'aller quand même à Disneyland et d'y faire toutes les attractions à sensation.

3 jours après, nouvelle échographie : Surprise. Le trombus n'est plus là ! Le cardiologue cherche après et me demande de changer de position ... Il a bel et bien disparu ! Merci Disneyland !

 

Les derniers mois de chimio se sont bien passés. Lorsque le dernier produit de la dernière séance fût fini, j'ai pleuré de joie ! C'était la délivrance. C'était un soulagement. C'était fini !

 

Aujourd'hui, 5 ans ont passé et je suis désormais guérie de cette saleté. 

 

Malgrè des hauts et beaucoup de bas, j'ai réussi à vaincre ce cancer et je donne ce conseil à toutes les personnes malades : ne baissez jamais les bras, battez-vous et gardez le moral car c'est ça le secret de la guérison !

 

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Ruban violet - Symbole de la maladie de Hodgkin

Ruban violet - Symbole de la maladie de Hodgkin

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